lunes, 4 de mayo de 2009

Prensa Francesa entrevista al niño Edgar Hernández, sobreviviente del Virus H1N1

Au Mexique avec Edgar, le premier contaminé

Edgar a acquis en quelques jours une notoriété mondiale. À 5 ans, cet enfant est la première personne répertoriée à avoir été infectée par le H1N1, qui met en émoi la terre entière. Il est tombé malade le 2 avril, dans le village de La Gloria, perdu sur les hauteurs de l'ouest de l'État de Veracruz, balayé par des vents de sable qui obligent ses 3 000 habitants à se calfeutrer chez eux. Sa contamination a été confirmée le 23 avril par un laboratoire américain. Sa mère, dont les cheveux de jais sont élégamment attachés derrière la nuque, nous reçoit dans sa modeste maison et nous présente son fils. «Edgar a guéri en deux jours grâce aux médicaments que le centre de santé de Veracruz lui a administrés. Entre décembre et mars, plus de 50 % de la population a été touchée par une épidémie de grippe», raconte-t-elle. Selon les autorités, deux bébés sont morts de complications pulmonaires pendant cette période. Ils avaient 6 et 9 mois. Dès lors, le soupçon s'est installé. Les élevages industriels de porcs, qui abondent dans la région, ont commencé à être pointés du doigt. Plusieurs associations écologistes locales ont accusé les Granjas Corall, ces filiales du groupe nord-américain Smithfield, implantées sur la commune de Perote qui englobe La Gloria, d'être à l'origine de l'épidémie. La direction a démenti tout lien, arguant qu'aucune surmortalité n'avait touché les élevages et qu'aucun des 907 employés n'était tombé malade. La source du virus de grippe A (H1N1) se situerait-elle alors dans ce petit village de La Gloria, qui refuse depuis plusieurs années l'implantation d'élevages industriels au leader mondial de la production de viande de porc ?
«
Il n'y a pas de Gloriagate»
Ce 1er mai, ce n'est pas la blancheur des clochettes du muguet qui envahit les rues de La Gloria, mais le jaune fluorescent de la peinture étalée sur le bord de trottoirs. Des dizaines de personnes dessablent les rues, désherbent les trottoirs, rafraîchissent les façades des bâtiments publics. Le village se doit d'être présentable pour la visite du gouverneur, Fidel Herrera. Une citerne bleue arrose les rues pour éviter que le vent ne soulève trop de poussière. Devant le hangar qui fait office de salle des fêtes, la police a installé un énorme camion qui peut distribuer des repas chauds à plusieurs centaines de personnes. Certains habitants n'ont pas mangé de viande depuis plusieurs mois. Une fourgonnette marquée d'un «cafe de la paroquia» distribue depuis le matin gâteaux et café. La queue s'est formée dès 11 heures. La pauvreté de la population de ce village y apparaît dans son expression la plus crue. Derrière les plus téméraires qui se sont précipités pour obtenir de la nourriture, d'autres ont mis plusieurs heures à oser tendre leur assiette, peu habitués à tant de sollicitude. Une banderole dans un anglais approximatif accueille les visiteurs à l'entrée de La Gloria. «Welcome the Gloria Veracruz free place of influenza.»
À l'arrivée du gouverneur, à 17 heures, tout est prêt : les ventres sont pleins, les bords des trottoirs jaunes, les rues dessablées et désherbées, et la mairie a été transformée en «clinique de La Gloria» après un rapide coup de peinture. Fidel Herrera serre quelques mains et affirme être venu pour «exprimer sa solidarité avec la population de La Gloria».
«Il n'y a pas de Gloriagate, dit le gouverneur au Figaro. Les autorités sanitaires de l'État de Veracruz ont agi de façon très efficace.» S'il admet qu'une épidémie préoccupante de grippe a touché le village en début d'année, il estime qu'elle n'était pas exceptionnelle. Les examens, ajoute-t-il, prouvent qu'il s'agissait d'une grippe humaine classique. Certes deux bébés sont morts, mais, souligne-t-il, «plus de 30 000 personnes meurent de la grippe traditionnelle chaque année aux États-Unis et 18 000 au Mexique. Hélas, l'épidémie de grippe qui a touché le village de La Gloria n'est pas inhabituelle dans une région où les conditions de vie sont difficiles, notamment à cause du froid et des brusques changements de température.»
Fidel Herrera met volontiers en avant la qualité des équipements sanitaires dont son État dispose et qui a permis de guérir Edgar. Au laboratoire de santé public de Veracruz, sur la côte atlantique, le Pr Aurora Parissi Crivelli nous présente avec fierté son laboratoire. Classé en «biosécurité 3», il est habilité, notamment, à travailler sur l'isolement du virus du Sida, et fait partie des laboratoires les plus pointus d'Amérique latine. «Pour l'instant, dans l'État de Veracruz, un seul cas de contamination H1N1 a été détecté - c'était le petit d'Edgar -, mais nous analysons actuellement plusieurs dizaines de tests par jour pour voir s'il n'y en a pas d'autres. Nous avons dû mettre en place deux équipes qui se relaient chaque jour pour faire face à l'ensemble des tests qui nous parviennent.»
Les responsables des élevages industriels de porcs font tout pour dissiper les soupçons qui pèsent sur eux. Ils soulignent qu'aucune étude scientifique publiée à ce jour ne met en cause les Granjas Corall dans une quelconque pollution de l'air, de l'eau ou de la terre. Au contraire, le groupe est en passe d'obtenir le certificat d'entreprise écologiquement responsable. D'autre part, l'entreprise implantée au plus près de La Gloria est une dizaine de kilomètres. Il a fallu toute l'insistance du gouverneur pour que la direction accepte de nous faire visiter l'une de ces 16 unités de production, parmi les plus récentes. Elle assure la décomposition du lisier de porcs en anaérobie, avec une récupération du méthane qui est brûlé en attendant l'expérimentation d'une centrale électrique alimentée par ces rejets gazeux. De nombreux habitants nous ont parlé de la forte odeur d'excréments à certaines heures de la journée et de la multiplication des moustiques depuis l'installation de l'entreprise américaine en 1994. Mais durant notre passage à La Gloria, de tels désagréments n'étaient pas perceptibles.
De fait, les Granjas Corall sont surtout accusées de «néocolonialisme». Contrairement aux élevages de porcs bretons en France, ils sont le fruit d'investissements étrangers associés à quelques capitaux mexicains sans lien avec la paysannerie locale. Condamnée à plusieurs reprises pour des pollutions aux États-Unis, cette entreprise est accusée de vouloir produire en masse des porcs sur le territoire mexicain en le polluant, pour ensuite les réexporter vers les États-Unis ou la Chine. «C'est ridicule, objecte Tito Tablada Cortès, directeur adjoint de Granjas Corall. Nous vendons l'ensemble de notre production sur le marché mexicain. Et ce dernier importe la moitié de sa consommation des États-Unis.»
Contraste entre la haute technologie et la pauvreté
La peur suscitée par une entreprise qui réunit dans ces seize unités de production de viande porcine implantées sur la seule commune de Perote soixante mille truies pour produire plus d'un million deux cent mille porcs par an est plus que compréhensible. Mais ce qui choque le plus, après une visite des usines porcines installées par Smithfield, c'est le contraste entre la haute technologie utilisée dans ces établissements et la pauvreté des populations environnantes.
Dans le village d'Edgar, la population a refusé l'installation d'une usine sur son territoire. «Ils nous ont humiliés en voulant nous offrir des paquets de nourriture en échange de notre soutien à leur implantation», témoigne la maman du jeune garçon. «Et pourtant, il est difficile de résister à leurs offres car nous sommes très pauvres dans le village. Il y a aussi des emplois à la clé. Beaucoup des hommes d'ici vont travailler aux États-Unis pour assurer un revenu minimum à la famille.» Le mouvement des travailleurs émigrés entre le Mexique et les États-Unis est parfois mis en avant par les épidémiologistes mexicains : le virus serait peut-être passé par les États-Unis pour arriver au Mexique. Et le fait que de nombreux hommes de La Gloria soient revenus au village à l'occasion des fêtes de Pâques pourrait expliquer la contamination du petit Edgar. Il faudrait alors chercher de l'autre côté de la frontière l'origine de l'infection. Plusieurs cas ont été constatés aux États-Unis ces derniers mois. Sans pour autant déclencher d'épidémie sur le territoire américain.
Nous n'avons pas encore quitté sa maison, mais, déjà, Edgar est reparti jouer avec son frère Pancho dans l'arrière-cour de sa maison. Comme il a résisté au virus H1N1, Edgar résiste aussi bien au… virus médiatique.
Fuente: Diario Le Figaro

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